Un sondage réalisé il y a près de dix ans révélait que un quart des Français croyaient en la réincarnation (“Les Valeurs des Français”, PUF, 1994). Un chiffre qui n’a fait qu’augmenter depuis. Pourquoi, dans un monde "moderne", cet intérêt pour l’une des plus vieilles croyances de notre planète ?

La mode du bouddhisme avec son cortège de philosophies orientales ?

L’expression d’un désarroi dans une société de plus en plus morcelée ?

Face à un avenir moins brillant qu’on nous l’a promis, une façon de se rassurer sur le long terme ?

Les enfants s’en souviennent plus facilement, ils le disent. Mais ce ne sont pas toutes les familles qui les croient.

La réincarnation est un concept si éloigné de la civilisation occidentale que, pour la science, il ne s’agit que d’une "pure superstition". Pourtant, des événements laisseraient penser que, au-delà des convictions personnelles ou culturelles, il y a peut-être une part de vérité, qui sort de la bouche des enfants !

Le plus célèbre d’entre eux est sans doute l’actuel dalaï-lama.

 En 1936, après la mort du treizième du nom qui avait eu lieu en décembre 1933, les moines, suite à des visions révélatrices, se sont rendus dans une province perdue sur les indications fournies par ces augures. Ils ont rencontré un garçon qui les a immédiatement reconnus et s’est mis à parler leur langue alors que, dans son village, personne ne l’utilisait. L’enfant portait les huit distinctions physiques des grands chefs religieux et a su reconnaître les objets qui lui auraient appartenu dans sa vie précédente…

Le Dalaï Lama, du nom de Tenzin Gyatso, né en juillet 1935 au Tibet, est officiellement reconnu comme émanation du Bodhisattva, et réincarnation du treizième dalaï lama.

 

 En Inde, c’est presque une tradition : entre 2 et 4 ans, un enfant commence à parler à ses parents d’une vie qu’il a menée en un autre lieu. Il est très attiré par les événements de ce passé et insiste pour retourner dans la famille où il prétend avoir vécu. Ian Stevenson, professeur de psychiatrie à l’université de Virginie et spécialiste mondial des "enfants réincarnés", a recensé quelque 14 000 cas curieux et publié des rapports d’enquête sur des centaines d’entre eux. « Un petit garçon de 4 ans habitait dans un village près de Beyrouth, raconte-t-il. Il avait réussi à donner, entre autres, le nom de sa famille précédente, une liste de soixante-dix détails exacts la concernant et… les derniers mots du défunt ! » Preuve de la réincarnation ? « Pas forcément, répond Ian Stevenson. Pour moi, même un cas aussi fort n’est pas parfait. Je préfère dire que mon travail suggère l’existence des vies antérieures plutôt qu’il ne la prouve. »

Le psychiatre a publié le résultat de trente ans de recherches sur les "marques de naissance" — la version grand public vient d’être publiée en français sous le titre Réincarnation et biologie (Dervy, 2002). Il y décrit, par exemple, le cas d’un jeune Indien né avec une malformation de la main, racontant spontanément que, au cours de sa vie précédente, une machine agricole lui avait coupé les doigts, donnant le lieu, l’époque. Une enquête a retrouvé trace de l’événement.

Des cas uniquement asiatiques ? Non. Sur Internet, Wendi, une jeune Américaine qui ne croyait pas à la réincarnation, a raconté que son fils de 3 ans avait peur des vagues. En vacances à Hawaii, il refusait de se baigner mais adorait jouer sur le sable. « Un jour, nous sommes allés sur la plage des surfeurs, a-t-elle expliqué. Il m’a dit : “Quand j’étais grand, j’ai fait du surf ici, je suis tombé dans l’eau, je me suis transformé en oiseau de Dieu et me suis envolé. Après, je suis revenu.” A partir de ce moment, il n’a plus eu peur des vagues et s’est baigné. »

                            

Une croyance devenue outil thérapeutique ?

Retrouver le souvenir d'une vie antérieure peut-il être une thérapie ? Retrouver des bribes de vies passées aurait-il un pouvoir guérisseur ? C’est ce qu’affirment les thérapeutes qui utilisent la sophrologie ou la relaxation active pour explorer les épisodes traumatisants de nos vies antérieures. Aux Etats-Unis, la "karma thérapie" est passée au troisième rang des thérapies alternatives, après les traitements antitabac et les cures d’amaigrissement…

La pratique n’est pas nouvelle, mais elle a souvent été tournée en dérision par les médias, qui se sont gaussés du "retour à la vie" de centaines de Napoléon ou Marie-Antoinette… « Dans les milliers de cas que j’ai traités, je n’ai jamais eu Napoléon, Marie-Antoinette, ni même Cléopâtre ! explique Gilles Guattari, psychothérapeute. Ce sont des gens simples qui reviennent à la mémoire : un marchand, un soldat, un enfant, un prêtre…»

Le thérapeute a totalisé plus de huit mille séances et formé quelques dizaines de praticiens à sa propre technique "d’expansion de conscience".
« Lorsqu’il y a guérison, les symptômes ne réapparaissent pas ailleurs et le rééquilibrage est durable, assure-t-il. Affirmer qu’ils se reproduisent ici ou là est une idée sans fondement. Mais la capacité de guérison de cette technique a de quoi déranger. » Et de raconter le cas d’Alain, journaliste. A la suite d’un grave accident de voiture, il était sous l’emprise d’une angoisse aiguë et souffrait d’une polyarthrite qui empêchait tout mouvement de ses bras. Au cours d’une séance, il se retrouve dans la peau d’un paysan du Moyen Age. Le prévôt vient lui réclamer son impôt. Pris de colère, il se révolte, le fait tomber et le tue. Condamné, il subit le supplice de la roue. « Nous avons travaillé sur cette séquence, explique Gilles Guattari. Lorsque cet homme a réussi à comprendre les liens entre le passé et le présent, l’angoisse a disparu. Et la polyarthrite aussi… »

Peut-on vraiment parler de vies passées ? « Impossible à dire, répond le psychothérapeute. Tous les psys savent qu’il peut exister une vision intérieure plus vraie que nature sans qu’il y ait jamais eu la moindre réalité physique. Ce dont on est sûr, c’est que, outre les résultats, ce processus ouvre la conscience sur une vision globale de la vie, une vision d’unification. C’est ce que l’on appelle la cohérence. Et c’est probablement l’une des qualités dont nous avons le plus besoin aujourd’hui. »

                         

 

 
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