Après l'énumération du chômage, des emplois précaires, de la baisse du pouvoir d'achat, des revenus en-dessous du seuil de pauvreté, des loyers qui grimpent et des retraites qui baissent, les défenseurs des "informations que tout le monde entend" se disent garder les pieds sur terre, peuvent traiter les pauvres innocents au style de candides aux grandes illusions.

Or, dans le journal, il n'y a que la date qui soit vraie. Tout le reste n'est qu'opinions, qu'interprétations partielles d'évènements qui se déroulent loin de chez soi, ou dans le monde entier par des personnes plus ou moins négatives avec le don de dramatiser un peu tout,  et notre esprit amalgame tout cela en une confusion mentale perturbatrice. Personne ne peut avoir tous les points de vue à la fois, pas même les saints ! Car ce que l'homme fait, il s'y consacre totalement, et cela lui bouche la vue du reste. Constatons que lorsqu'on s'informe sur l'histoire du monde ou de notre pays à certaines époques, terribles dans la fureur et l'ignominie, nous sommes des bienheureux au vu de notre confort moderne dans un pays moderne et démocratique.

Être réaliste est-ce être alarmiste voire apocalyptique ?

Non ! Il est simple de se donner dans la sinistrose et de se plaindre de tout, et il est compliqué d'être heureux malgré tout... Qu'est ce qu'un esprit critique ? Un qui remet tout en cause en cherchant le pour et le contre, sans contrer verbalement ou par écrit ceux qui pensent différemment.

Qu'est ce qu'être réaliste ? Ce n'est ni croire que ceux qui pensent autrement sont des innocents utopistes, ni s'imaginer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, il est évident que plein de monde souffre sur la terre. La violence, l'intolérance existent bien évidemment, j'en suis consciente et je ne les cautionne pas. Je crois que ceux qui agissent violemment ont été traités avec violence auparavant, ils ignorent comment réagir autrement, mais j'ai l'espérance qu'ils vont progresser dans le futur.

Il est certain aussi que des gens pauvres ou malades peuvent être gais, joyeux, satisfaits de peu. Mère Térésa (1910-1997) missionnaire en Inde, lorsqu'elle revint en Europe fut choqué de la morosité des occidentaux et du manque de liens et d'attentions dans les familles pressées, courant après les progrès matériels et les richesses, alors que les Indiens pauvres des bidonvilles étaient joyeux et radieux d'être ensemble et comblés du peu qu'on leur offrait.

"Ne soyons pas crédules" signifie ne croyons pas tout ce qui se dit, ni même tout ce qu'on voit sur les écrans. "Le poids des mots, le choc des photos" montre l'intention médiatique de sélectionner telle ou telle image pour orienter l'émotion du spectateur, filmée  ou photographiée de telle ou telle manière pour influencer l'opinion selon l'opinion subjective de l'émetteur. Le récepteur n'y prend garde et se laisse endoctriner par une portion d'évènement dont il ignore les tenants, et les aboutissants.

Si moi je ne pratique pas le mépris, la révolte violente, l'oppression ou l'agression, je ne les ai pas dans la tête, et je parviens à libérer mon esprit et ma conversation de ces thèmes. Ils existent toujours dans la tête d'autres personnes mais, moi, je les perçois autrement et calmement, sans m'y attarder.

"Ne pas être candide", c'est voir la réalité telle qu'elle est, avec ses atouts et ses faiblesses, et l'interpréter à sa propre manière sereine et tolérante afin d'agir, soi, sereinement et ne pas rajouter d'injustice et de malveillance. La réalité montre que les relations humaines sont quotidiennement guidées par des passages en force, des pressions ou des commandements entrainant résistances actives ou résistances passives, des persuasions par tout moyen imaginable. Certains sèment la discorde, d'autres brisent nos enthousiasmes, d'autres encore nous accusent afin de se décharger de la responsabilité de leur propre incompétence. Tout est possible sur la terre, même la pire des barbaries, et nous ne connaissons pas toutes les horreurs qui s'y passent. A quoi cela nous mènerait de les connaître ?

Pour notre esprit, ce que nous ignorons n'existe pas et c'est mieux ainsi. Impossible de tout savoir de toute façon, alors choisissons ce qu'il nous importe de savoir. Chaque être humain vit sa propre histoire et progresse selon sa conscience, son juge intérieur existe et le punit moralement et inévitablement le moment venu si besoin est. Le karma de chacun régule la vie et fait vivre physiquement les conséquences (bonnes ou non) des actions passées. Focalisons-nous sur notre évolution personnelle, qui se fait très bien dans la pauvreté ou l'inconfort, dans la souffrance assumée, dans la solitude, dans la chasteté, dans l'humilité ou l'ignorance de tous. A partir de là, être réaliste est une constatation de la réalité sans émotion et une recherche perpétuelle du sens, des causes ou des raisons de cet état de fait, et ensuite c'est une action, réfléchie, juste et cohérente, et si on y arrive sereine !

"Si tu peux aller dans la fange... sans en sortir sali,

si tu peux côtoyer le vice...sans en sortir meurtri,

si tu peux rester digne... au milieu des parvenus,

si tu peux garder ta fraîcheur et ta vertu,

en civilisant tout avenir crapuleux,

                               alors tu deviendras un bel homme heureux,

                                                    un vrai de vrai !"