Méditation :  l'égoïsme.

Je vous propose de réfléchir en méditant afin de renverser votre manière de voir et de penser, d'abord de la préciser puis de tenter de découvrir son contraire, sur un sujet qui vous tient à coeur.

Prenons l'exemple de l'égoïsme. Si ce sujet vous plait, réfléchissez-y seul, trouvez la thèse, l'antithèse et la synthèse avant de lire ce que j'en écris. Vous aurez autant raison que moi, on est juste là pour causer.

Ordinateur en veille, papier, crayon, au travail !

L'égoïsme : la thèse.

Dans les sociétés préhistoriques ou primitives, les hommes se fondaient dans leur peuplade, ils ne pensaient pas de façon autonome et oeuvraient dans le groupe sans se poser de question ni formuler d'idée personnelle. Seul le chef ou le chaman avait des idées, et ainsi le groupe fonctionnait ; les autres groupes étant des ennemis. L'évolution de la condition humaine nous a donné une conscience, cette conscience d'être un humain plus qu'un animal est notre "moi". Ce "moi" est une condition préalable à tout conscience d'être un humain personnalisé. Dans ce contexte, il est important d'être égoïste ou égocentrique (en tant qu'enfant notamment) afin de prendre conscience de soi-même. Jusqu'à une certaine limite, l'égoïsme est une pure nécessité, sinon nous retomberions dans un état primitif ou nous ne pourrions pas devenir adulte.

Le bonheur préconise aux gens de s'apprécier, de s'aimer soi-même avant tout, pour ensuite pouvoir aimer les autres, cela s'apparente à de l'égoïsme.

"Soi" d'abord ! Il propose aussi de ne pas penser pour l'autre, mais uniquement pour soi, n'est-ce-pas alors un certain égoïsme. Mais en fait, par exemple, vouloir donner de l'argent à ses enfants adultes alors qu'ils ne demandent rien n'est pas de l'altruisme, s'ils pouvaient être francs et s'ils pouvaient l'exprimer, ils diraient qu'ils préfèreraient se débrouiller seuls, qu'ils ne veulent être redevables de rien.

Lorsqu'on pense pour l'autre, ce n'est pas de l'altruisme, ce n'est qu'imposer ses idées personnelles et imposer ses propres solutions sans laisser l'autre chercher ses solutions personnelles qui lui conviendraient mieux. Chacun a un chemin différent, et des solutions différentes à ses problèmes.

Lorsque les idées sur le bonheur demandent de ne pas décider à la place de l'autre, de ne pas s'inquiéter pour autrui même proche, cela semble prôner l'égoïsme. Oui, mais c'est un égoïsme de la polarité positive, ne penser que pour soi pour être heureux, ne rien exiger des autres, ne compter que sur soi pour faire son bonheur, trouver ses propres solutions valables pour soi seulement. Car on ne peut donner que ce que l'on a, et seule la personne heureuse peut transmettre un vrai bonheur, l'ayant vraiment expérimenté. 

Cet égoïsme-là est une vision réaliste apparenté à l'altruisme non autoritaire et non possessif, qui est tolérant car il laisse l'autre agir et penser à sa guise, trouver par lui-même ce dont il a besoin et vivant ses propres expériences même si elles nous déplaisent fortement.

Cet égoïsme-là qui s'apparente à l'altruisme n'impose pas son argent (ne le donne que sur demande), n'impose pas son amour ou sa présence (mais aime qui ne l'aime pas), n'impose pas ses inquiétudes (mais fait confiance en la personne et en la vie), n'impose pas ses convictions (toujours personnelles) ou ses soins médicaux (car on se soigne aussi bien ou même mieux sans médicaments).

Les gens sont remplis de la bonne intention de faire le bien, mais ils sont dans l'ignorance. Ils ignorent que leur persuasion de ce qui est bien pour l'autre enlève à l'autre la liberté qu'il aurait de vivre ses propres idées, ses propres expériences, ses propres solutions. Ils ignorent que leur conviction de ce qui est bien pour l'autre n'est qu'une partielle et incomplète conviction personnelle, alors que les autres ont une conception différente de ce qu'est leur propre bien. Parfois ces derniers peuvent l'affirmer, parfois non, selon les conditions, et la vie est faite de flux et de reflux, de "conceptions du bien" variées qui se contrarient et ne peuvent s'accorder. Ceux qui  engagent la guerre, les terroristes, les révolutionnaires imposent leur conception du bien au reste du monde, mais selon leur conviction, leur acte sert au bien de l'humanité ou au bien de leur dieu.

L'égoïsme remplit une immense majorité d'êtres humains qui ignorent comment ne plus être égoïstes. On ne peut échapper à l'égoïsme qui est nécessaire pour devenir et puis "être" une individualité et pour trouver le bonheur.

                          

L'égoïsme : l'antithèse.

Discutant un jour des personnes engagées dans les associations humanitaires, mon interlocuteur m'affirme à ma grande stupéfaction qu'ils étaient égoïstes, le terme que justement je n'aurai jamais employé pour ces gens-là. Après réflexion, j'ai compris que la plupart de ces personnes engagées recherchent par ce biais à compenser des manques ou des graves anomalies qui les ont affectés dans leur jeunesse. Ils recherchent l'attention, la considération, l'amour (affectif) des autres sûrement, ou une assistance qui leur a considérablement manqué auparavant ou autre... S'ils sont rejetés ou critiqués, ils souffrent et se plaignent. Voilà ! Leurs raisons pour aider sont des raisons personnelles et égoïstes, parce que la vraie bonté est sans retour, sans recherche de quoi que ce soit ; ni merci, ni considération, ni retour d'affection ne sont attendus. Ainsi donc, ces personnes de l'humanitaire aident égoïstement et imposent alors inconsciemment leurs convictions sur telle ou telle manière de vivre, telle ou telle conception de la pauvreté, de l'injustice, alors que celles-ci sont très relatives. Ils font des gens aidés des assistés alors que la véritable aide est de leur apprendre à vivre seuls sans besoin de recours extérieurs. Parfois ils installent en Afrique des moteurs pour monter l'eau du puits, puis ils partent mais lorsque le moteur tombe en panne, personne au village ne sait le réparer, et tout reste à l'abandon. Etait-ce la meilleure aide adaptée ?

La polarité négative de l'égoïsme est la tendance possessive et exclusive naturelle de l'être humain. Cet attachement excessif à ses proches, à soi-même et à leurs seuls intérêts est tout ce qu'il y a de plus normal chez l'homme mais c'est lui qui amène la souffrance morale ou physique provoquée chez les autres. 

Quand il est égocentrique, narcissique, orgueilleux (souvent caché dans une fausse modestie), l'égoïste pense qu'il est le seul à avoir raison, il a des attitudes d'incompréhension face aux comportements d'autrui, il a des exigences, il montre de l'indifférence envers les sentiments des autres êtres humains. A des degrés plus ou moins marqués, cet égoïsme négatif tue, vole, ment, trompe pour satisfaire un insatiable individualisme avide de tout. Bien sûr, il existe des milliards d'égoïstes qui n'ont jamais tué ou volé, mais ces termes se veulent généraux sachant qu'on peut, pour poursuivre des motivations égoïstes d'acquisition d'argent, de considération ou de pouvoir, tuer des enthousiasmes, détruire des amitiés, sachant que l'on peut tromper une confiance, faire de faux témoignages en justice, on peut mentir à un public en racontant des concepts erronés ou apocalyptiques.

 

L'égoïsme : la synthèse.

Je suis convaincu que la grande multitude des être humains sont égoïstes, il imposent leur avis et montrent de l'indifférence face aux malheurs des autres mais toutefois ils sont remplis de la bonne intention de faire le bien.

L'égoïsme est indispensable pour être un humain avec un nom et une individualité, tout en vivant en société. C'est en étant égoïste et en l'acceptant, qu'on prend conscience de cet égoïsme et que l'on peut, petit à petit, s'en dégager pour basculer dans l'opposé qu'est l'altruisme.

 

 

"L'égoïste n'est pas celui qui vit comme il lui plait, c'est celui qui demande aux autres de vivre comme il lui plait. L'altruiste est celui qui laisse les autres vivre leur vie sans intervenir."

A la fin du processus de recherche de la polarité prenant en compte les paradoxes incontournables, les deux pôles intégrés ayant la même force, la personne qui cherche obtient une libération qui la sort de cette polarité dans laquelle elle voit l'ensemble des deux pôles opposés et parvient à un équilibre, à une unité. Trouver l'unité permet de trouver la sérénité.

 
Trouver le Bonheur